Entirety

Mes bras commencent à s’agiter et mes jambes à s’étirer. Prêtes pour le départ, elles entament leur marche. Mon corps en entier se joint au concert, et me voilà partie. Comme pour un cadeau, une belle surprise, on a bien sûr évité de me dire, de me dire tout juste quel serait le point de chute, la destination promise depuis longtemps, celle que mon âme avait bien réclamée, celle pour laquelle elle s’était engagée. Sans même avoir eu le temps, le temps de réfléchir, le temps d’en prendre conscience, voilà tout mon corps plongé dans ce grand bleu, dans cet océan de Lumière, où tout semble si différent. Plus rien ne m’appartient, et je suis là. Là, fondue dans cet espace, dans ce tout. Je sens mon coeur s’ouvrir un peu plus encore, comme si il pouvait avaler toute cette eau, tout cet univers, simplement se le garder, juste pour ne pas l’oublier. Tout est si léger, sans contrainte, sans jugement, sans peine et sans douleur. 

Ma conscience me rappelle, me souffle encore des mots à l’oreille, et me dit simplement que JE suis cet océan, qu’il se trouve dehors, qu’il se trouve partout. Alors tout devient tellement simple, tellement limpide, comme ce liquide qui m’entoure, ce liquide qui anime mon corps, ce liquide parsemé de petites perles d’Or. Chaque parcelle de Vie, chaque petite goutte de Vie, d’ici et puis d’ailleurs, contient le plus précieux, le plus beau des messages, le plus pur, le plus juste, celui de l’Infini. Moi, j’ai décidé de l'appeler l’Eternité et pour cela j’ai bien compris que je devais retrouver mon intégralité. Me retrouver complète, entière, et en pure harmonie. Alors je me délecte, je laisse mon corps fondre dans cette immensité, je le laisse retrouver les codes depuis trop longtemps oubliés, toutes les connaissances, jusqu’aux moindres poussières qui en font mon essence. Alors je repense à tous ces moments, à tous ces instants, que je croyais si forts, simplement parce que pour moi, ils étaient un mentor, ils étaient là pour moi sans me faire de tort, car je les maintenais aussi serrés et forts, comme si de m’en passer, j’aurais viré de bord, j’aurais simplement basculé par-dessus bord, je serais tombée là, au fond de l’océan, ne sachant comment faire, me raccrochant au bord, me laisser couler là, et puis tout oublier, me laisser chavirer, la peur au ventre, les sanglots me venant, inondant tout mon corps, jusqu’à m’emporter encore un peu plus vers la mort.


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